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Fonds vert pour le climat (GCF): La Tunisie s’engage dans la finance climat

L’engagement de la Tunisie avec le Fonds vert pour le climat (GCF) constitue une opportunité d’accéder à des ressources importantes pour financer la mise en œuvre de programmes et stratégies nationales de lutte contre le changement climatique.


La Tunisie est parmi les pays les plus vulnérables et sensibles au changement climatique dans la région méditerranéenne et nord-africaine. Une menace de plus en plus pesante sur son développement socioéconomique et sur la durabilité de ses ressources et écosystèmes naturels. Convaincue de la nécessité de participer à l’effort global, la Tunisie s’est engagée volontairement à contribuer à la lutte mondiale contre le réchauffement climatique, en annonçant d’ambitieuses réductions d’émissions de GES dans sa Contribution prévue, déterminée au niveau national (Cpdn, 2015), appuyant ainsi l’Accord de Paris sur le Climat. Mais à l’instar des autres pays en développement, la Tunisie fait face à des difficultés liées à la disponibilité et à l’accessibilité de la finance climat et aussi à un manque de capacités pour appuyer ses efforts d’atténuation et d’adaptation, notamment ceux identifiés et planifiés dans la Cpdn. C’est dans ce cadre que la Tunisie s’est engagée avec le Fonds vert pour le climat (Green Climate Fund-GCF) afin de financer la mise en œuvre de sa Stratégie nationale sur le changement climatique et la réalisation de sa Cpdn.

Pourquoi travailler avec le GCF ?

Considéré comme le principal et le plus important fonds dédié au climat, le GCF accompagne la mise en œuvre de la Convention cadre des Nations unies sur les changement climatique (Ccnucc) et l’Accord de Paris sur le Climat. Le Fonds finance ainsi les projets et programmes de lutte contre le changement climatique, par le biais de partenariats avec des entités accréditées, à travers différents instruments : subventions, financement par emprunt concessionnel, capitaux propres et garanties. Conçu pour accompagner l’engagement des pays concernés, des mécanismes, tels que l’Autorité nationale désignée entre autres, ont été mis en place pour répondre aux conditions d’accès au GCF.

Pour le cas de notre pays, la mise en œuvre de la première phase du projet «GCF Readiness-Tunisie : préparation de la Tunisie au financement par le Fonds vert pour le climat et appui à la mise en place de l’Autorité nationale désignée» par le ministère des Affaires locales et de l’Environnement, en collaboration avec l’Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS), a mis en évidence un certain nombre de besoins en termes de capacité de développement de projets climatiques, de communication à grande échelle au niveau national, d’implication effective des entités nationales dans le processus d’accréditation auprès du GCF et de mobilisation du secteur privé. Ces besoins ont été évoqués par les différentes parties prenantes et autorités de haut niveau lors des consultations menées au cours de la mise en œuvre de cette première phase du projet, justifiant le besoin d’une deuxième phase.

Compte tenu de ces aspects soulignés, le GCF a accepté de financer une seconde phase du projet de préparation à la finance climat : «GCF Readiness Support» – Tunisie (Phase II). Ce soutien permet de poursuivre les actions de renforcement de capacités et d’amélioration de l’engagement des parties prenantes concernées, y compris les organisations de la société civile (OSC) en vue de répondre aux besoins du pays pour accélérer l’accès aux fonds climatiques, notamment le GCF.

Stratégies nationales  de lutte contre le changement climatique

Face à sa vulnérabilité au changement climatique, la Tunisie mène depuis plusieurs années différentes activités ayant pour objectifs l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre et l’adaptation au changement climatique. Le pays a signé la Convention-Cadre des Nations unies sur le changement climatique (Ccnucc) en 1992 à Rio de Janeiro, et l’a ratifiée en juillet 1993. La Tunisie a également signé et ratifié le Protocole de Kyoto en juin 2002. En tant que pays partie à la Ccnucc, elle a soumis en 2014 sa 2e communication nationale, alors que pour sa 3e communication nationale, elle est en cours de finalisation. De même, le pays a procédé à l’élaboration de son premier rapport biennal en 2014. Plus récemment, la Tunisie a signé l’Accord de Paris sur le climat lors de la 21e Conférence des Parties (CdP), en décembre 2015 à Paris, et l’a ratifié en novembre 2016. En août 2015, la Tunisie a soumis sa contribution déterminée au niveau national au titre de l’Accord de Paris. Dans ce cadre, la Contribution prévue, déterminée au niveau national (Cpdn), correspond à une baisse de son intensité carbone de 13% en 2030 par rapport à celle de l’année de base 2010. Quant à sa contribution conditionnelle, sous réserve de la disponibilité des ressources financières nécessaires, elle permettrait une baisse additionnelle de 28%. La baisse totale de son intensité carbone serait alors de 41 %.

Les besoins financiers additionnels pour mettre en œuvre cette Cpdn tunisienne sont aux environs de 20 milliards US$ (2015-2030). L’atténuation des émissions de gaz à effet de serre (GES) nécessiterait la mobilisation de près de 18 milliards US$ alors que les coûts incrémentaux des mesures d’adaptation au changement climatique s’élèveraient à environ 2 milliards de US$.

Objectifs du Readiness Tunisie

L’engagement de la Tunisie avec le Fonds vert pour le climat est perçu comme étant une opportunité d’accéder à des ressources en vue de financer la mise en œuvre de sa Stratégie nationale sur le changement climatique et la réalisation de sa Cpdn. Dans ce contexte, la Tunisie a bénéficié du soutien du GCF à travers le projet «Climate Readiness», qui lui permettra de renforcer ses capacités institutionnelles afin de bénéficier des opportunités de financement au titre du GCF.

Le Projet Readiness Tunisie vise donc la mise en place d’une Autorité Nationale Désignée (AND) fonctionnelle, le renforcement de ses capacités en vue d’assurer ses engagements à l’égard du GCF, ainsi que le développement d’un programme pays (Country programme). Il s’agit d’un programme des investissements prioritaires de la Tunisie englobant des projets à la fois dans les domaines de l’atténuation des gaz à effet de serre et de l’adaptation au changement climatique.

Parmi les principaux résultats attendus, il y a tout d’abord la mise en place et renforcement des capacités du point focal du GCF et de l’AND de la Tunisie, outre l’appui aux entités nationales pour s’accréditer auprès  du Fonds vert pour le climat. Le projet Readiness Tunisie vise, également, la mobilisation des parties prenantes concernées par la finance climat, y compris le secteur privé (ministères, organisations de la société civile, Universités et centres de R&D, agences de développement, etc.), et la préparation du programme des investissements prioritaires de la Tunisie (Country programme).

L’autorité nationale désignée

L’Autorité Nationale Désignée (AND) du Fonds vert pour le climat est l’interface et le principal point de contact entre les pays et le fonds. Son rôle est de s’assurer que les activités soutenues par le Fonds sont alignées avec les priorités stratégiques nationales. Pour que le GCF accepte de financer un projet, il doit être approuvé par une lettre de non-objection fournie par l’AND (ou par le Point Focal National du GCF (PFN). L’AND joue donc un rôle complémentaire à celui du GCF au niveau national, notamment à travers la soumission de directives au nom de son pays.

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